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Bibliothèque & Archives Diocésaines de Maurienne
13 juillet 2012

Le « missale ad usum Maurianae » dans les visites pastorales en Maurienne

Ces lignes sont extraites de la notice de la paroisse de Presle, dans le catalogue des visites pastorales des évêques de Maurienne de 1437 à 1955, à paraître à l'automne 2012.

Le « missale ad usum Maurianae » dans les visites pastorales

en Maurienne au XVI° siècle : l'exemple de Presle

L’étude des archives des paroisses du diocèse de Maurienne a permis ces dernières années de mieux connaître les livres liturgiques en usage dans notre Eglise diocésaine dans les siècles passés. Les chanoines Saturnin TRUCHET et Adolphe GROS s’y étaient intéressés, et ce dernier apporte de précieuses informations dans la note qu’il y consacre à la fin de son Histoire du diocèse de Maurienne, notamment sur le nombre et le coût de ces livres liturgiques pour chaque église, avec l’exemple de celle de Termignon en 1559 dont on possède l’inventaire.[1] En 2004, le classement des archives paroissiales de Fontcouverte et de Valmeinier a permis d’identifier des fragments de livres liturgiques qu’il est possible d’attribuer aux copistes du XII° siècle. Ce sont les plus anciens livres liturgiques connus en Maurienne, découverts à la faveur de ce classement.

Copie de fontcouv4

Manuscrit des archives paroissiales de Valmeinier, XII° siècle.

Dans un bon nombre des procès-verbaux des visites pastorales de Mgr. Pierre de LAMBERT (en 1570 et 1571), ce dernier constate dans les églises la présence de missels « ad usum Maurianae » : à l’usage du diocèse de Maurienne. Cet évêque apparaît comme particulièrement soucieux d’inspecter les livres utilisés. La plupart des procès-verbaux de ses visites y font référence. Ses prédécesseurs ont eu la même pratique : en 1437, Mgr. Oger MORISET, en visite à La Trinité, note dans le procès-verbal de visite que les paroissiens « font faire un nouveau missel avec les épîtres par maître Pierre, écrivain de Saint-Jean-de-Maurienne » Ce type de missel « mauriennais » ne nous est hélas plus connu, à l’exception de quelques fragments conservés par des paroisses de Maurienne qui en ont jadis utilisé le parchemin, devenu inutile, pour confectionner des reliures de registres divers. Ainsi, à Valloire, les archives paroissiales renferment une série de registres de catholicité reliés avec des parchemins présentant des passages de livres liturgiques, en particulier de larges extraits des textes des évangiles et des épitres pastorales.

 

manuscrit valloire

Fragment de livre liturgique remployé ; archives paroissiales de Valloire ; passage de la lettre de saint Paul aux Romains

 

Enfin, les archives de l’évêché de Saint-Jean-de-Maurienne conservent un pontifical manuscrit du XV° siècle, ainsi qu’un  bréviaire du XVI° siècle à l’usage du diocèse de Maurienne, qui viennent nous renseigner utilement sur ces anciens livres aujourd’hui disparus. Avant le Concile de Trente, c’était pour les paroisses une obligation, que de faire usage des livres liturgiques approuvés par l’évêque diocésain, et qui parfois différaient en des points de moindre importance des ouvrages « ad usum romanum », c'est-à-dire conformes aux usages de la liturgie romaine. Les principaux points de divergences sont relatifs au calendrier, avec la célébration de fêtes que le rite romain ignorait. Ainsi, par exemple, on célébrait en Maurienne quatre fêtes en l’honneur de saint Jean-Baptiste, alors que le rite romain n’en connaît toujours que deux.[2] Bien qu’en 1570, la réforme tridentine ait été commencée, Mgr. de LAMBERT ne semble pas soucieux de faire disparaître les anciens livres : il ne le demande jamais. Il semble même parfois chercher à repérer et distinguer les livres romains, comme à Chamoux où il fait noter : « parmi les livres en parchemin et ad usum Maurianae, il y a un antiphonaire romain ». C’est surtout la réforme liturgique conduite par l’évêque Philibert MILLIET, au début du XVII° siècle, qui mit fin à l’usage des livres liturgiques du « rite Mauriennais », et imposa les livres édités en suite des décrets du Concile de Trente. Ici, à Presle, Mgr. de LAMBERT constate la présence de « un missel ad usum Maurianae et un graduel, écrits sur parchemin, et dûment reliés », mais en revanche, pas de livre « ad usum romanum ». L’antiphonaire et un manuel, précise-t-il encore, sont « en parchemin et mal reliés ».

 

Copie de Portrait de Pierre de Lambert

 

La confection des livres manuscrits en parchemin représentait une somme importante à la charge des paroisses ; en moyenne 60 à 70 florins d’or petit poids. C’est pourquoi il était prudent de prendre grand soin de la conservation de ces ouvrages. On lit, dans la visite pastorale du Bourget-sur-Arc en 1480 : « Religari faciant antiphonarium majus infra tres menses. Faciant infra sex annos unum breviarium ad usum maurianensis ecclesie » : les paroissiens feront relier le grand antiphonaire sous trois mois, et dans un délai de six ans, feront faire un bréviaire à l’usage du diocèse de Maurienne. L’évêque donne pour réaliser ce bréviaire manuscrit un délai de six ans : c’est dire combien cela pouvait demander d’investissement et de travail. A Presle, la communauté avait pris soin de posséder un missel Mauriennais et d’en assurer la reliure. Ce n’est toutefois pas une exception. Ainsi ont lit, toujours en 1571, dans la paroisse voisine de La Table, que « les livres sont tous ad usum Maurianae et en parchemin, sauf un manuel romain imprimé sur papier ».

 


[1] Histoire du diocèse de Maurienne, tome 2, Chambéry, 1948, page 359

[2] En Maurienne : la Nativité de saint Jean-Baptiste, sa décollation, la fête des reliques de saint Jean, et la fête de ses miracles. Dans le rite romain, les deux premières uniquement.

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