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Bibliothèque & Archives Diocésaines de Maurienne
29 novembre 2012

Un ouvrage rare en vidéo : le Corpus Iuris Canonici de 1582

Parmi les sections intéressantes des fonds de la bibliothèque, la section juridique se distingue par sa qualité, le grand nombre et l’ancienneté des ouvrages qu’elle recèle, tant pour le droit Romain, que pour le droit Sarde ou bien encore le droit canonique. Voici quelques lignes pour introduire à l’histoire du droit canonique, et pour illustrer la présentation faite sur la vidéo disponible ci-dessous.

Les origines : droit romain et compilateurs médiévaux

 Le droit canonique, interne à l’Eglise Catholique, s'est constitué progressivement, en grande partie à partir des juristes romains. Dans les 4 premiers siècles, les papes ont par leurs lettres appelées « décrétales », alimenté les lois ecclésiastiques. Les canonistes du Moyen-âge, par un gigantesque travail de compilation des sources (ordonnances des conciles, décrets des papes, etc.) parviendront progressivement à l'unifier. Nombreux sont ceux dont les traités sont encore connus des historiens du droit : Denys le Petit, auteur des Dionysiana, Benoît de Mayenne, le pseudo-Isidore de Séville, etc.

La Réforme grégorienne verra émerger de grandes œuvres appelées « collections », rassemblant la matière en tentant de lui donner un ordre logique. Burchard de Worms, ainsi que le fondamental Dictatus papæ de Grégoire VII, Yves de Chartres, auteur de la Panormie, ont illustré cette époque.

 La première codification : le Décret de Gratien

 Jusqu'au XIe siècle, on va conserver ce mode de la compilation, qui n’est pas un traité raisonné. C’est l’époque au cours de laquelle, à l’université de Bologne, les juristes civils travaillent à la rationalisation du droit. Autour de l’année1140, Gratien, moine camaldule de Bologne, publie sa Concordia discordantium canonum (« Concorde des canons discordants »), un traité méthodique du droit, connu sous le nom de Décret de Gratien, qui servira de code à toute l’Eglise catholique jusqu'en 1917. Son disciple, Paucapaléa, fut le premier commentateur du Décret. Il y inséra des notes, appelées « palleae », les « petites pailles », qu’il indiqua comme étant parfois plus utiles que le grain !

  Au fil des siècles, la naissance du CIC (corpus iuris canonici)

 En 1234, le pape Grégoire IX publie les Décrétales qui portent son nom, recueil rédigé par saint Raymond de Peñafort, et composé de cinq livres regroupant 185 titres. Venant après le Décret, il sera appelé le « Liber Extra » (X en abrégé). En 1298, le pape Boniface VIII publie un nouveau recueil, faisant suite aux cinq livres des Décrétales : le Sexte (« sixième livre »), qui en fait est lui aussi composé de cinq livres). En 1317, Jean XXII publie les Clémentines, recueil dressé sur l'ordre du pape Clément V. Viendront ensuite, de par leur insertion au CIC par l'imprimeur et professeur parisien Jean Chapuis en 1500 et 1503, les Extravagantes de Jean XXII et les Extravagantes communes, décrétales de plusieurs papes. Cet ensemble formera le Corpus iuris canonici : le premier « code » de droit canonique.

 La promulgation officielle au XVI° siècle : l’édition de 1582

 Une vague de systématisation a lieu au XVIe siècle sous l'impulsion du pape Grégoire XIII, juriste de formation. Durant le concile de Trente, Pie IV crée une commission, les correctores romani (correcteurs romains) pour réviser le Décret de Gratien. Sous Grégoire XIII, lui-même ancien membre des correctores, leur nombre est augmenté et finalement, en 1582 est promulgué le Corpus juris canoniciqui devint le premier code officiel de l’Eglise.

Section juridique

  Cette édition de 1582 est celle présentée sur la vidéo ci-jointe, que l’on peut trouver à la bibliothèque diocésaine de Saint-Jean-de-Maurienne. Cet ouvrage, rare et en parfait état, est l’un des joyaux des collections juridiques de la bibliothèque. Jusqu’à la publication du code de droit canonique en 1917, c’est ce CIC, des milliers de fois réédité et commenté, qui servit à la conduite des affaires juridiques de l’Eglise. En conserver une édition originale est une chance pour nos fonds diocésains. Nous sommes heureux de vous la présenter ici.

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